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L’APPRENTIE…10

Babes

L’APPRENTIE…10
SUITE DE “L’apprentie…09”
PRENDRE CE RÉCIT AU CHAPITRE 7 N’A PAS GRAND INTÉRÊT, N’HÉSITEZ PAS A LIRE LA TOTALITÉ DE CETTE HISTOIRE EN VOUS RENDANT SUR MON PROFIL POUR Y TROUVER LES CHAPITRES PRÉCÉDENTS

Narcisse restait muet. Les idées se bousculaient dans sa tête sans qu’il puisse y mettre de l’ordre. Il n’avait vécu depuis ces quelques jours que pour ce moment, sans pouvoir penser au reste. Il leva finalement les yeux en direction de Vanessa et lui dit d’une voix mal assurée :

– Je crois que tu pourrais me tutoyer … après tout, je suis le père de ton enfant !

Vanessa esquissa un petit sourire avant de répondre laconiquement

– C’est vrai … tu es le père ‘Angela, ma fille, notre fille …

En écoutant ces mots, deux larmes roulèrent le long des joues de Narcisse, submergé par l’émotion. Une larme perla également et s’arrêta en équilibre sur la paupière de Vanessa. Elle lui prit la main et lui déclara :

– Je crois que … je ne suis pas encore sure, tu peux le comprendre, mais j’ai au moins une question à te poser … pardonne-moi …

Narcisse hocha plusieurs fois la tête donnant ainsi son assentiment aux inévitables questions qui allaient suivre.

– Tu m’as déclaré, le jour de ton agression, que tu étais bi … est-ce que …

Narcisse sourit franchement avant de répondre :

– Noon ! Tu ne l’as pas cru ! Je ne suis pas bi, juste un pur hétéro ! Je te rappelle que je me méfiais de toi … il fallait bien que je trouve quelque chose qui paraisse … crédible, et c’est tout ce que j’ai trouvé à te dire.

A son tour, le visage de Vanessa s’éclaira. Elle parut rassurée.

– Le reste n’a pas d’importance … Je vais pouvoir, enfin, me débarrasser de Ange …
– Et le club ? reprit Narcisse.
– Le club, je m’en fiche … du reste aussi, si tu veux bien de moi …

La main de Narcisse serra un peu plus fort cette de Vanessa. Il avança son visage vers elle, presque à l’effleurer. Elle combla les quelques centimètres qui la séparaient de celui qui fut son patron. Leurs lèvres s’exploraient l’un l’autre dans des caresses très douces, puis elles s’unirent dans un long baiser.

Vanessa rompit la première leur étreinte passionnée.

– Angela ! Il faut aller la chercher, elle a besoin de toi, de nous ! On s’embrassera plus tard !

Narcisse de leva et l’entraina hors de la champignonnière en direction de la moto qu’il avait cachée à son arrivée.

Lorsqu’ils pénétrèrent dans la propriété, elle n’entendit pas le gémissement de ses deux chiens qui l’appelaient. Sur le perron, ils furent accueillis par la nounou d’Angela. Son visage était tuméfié et des traces de sang parcouraient ses pommettes. En apercevant sa patronne, elle pâlit et s’avança au devant d’elle.

– Madame, c’est monsieur Ange ! Je n’ai rien pu faire ! Il a enlevé votre petite fille ! J’ai fait le tour de la propriété et votre voiture a disparu. Pour moi, c’est la seule possibilité ! Madame ! Je suis profondément attristée de ne pas avoir pu la défendre. Pauvre petite ! Il était comme fou ! Regardez les dégâts ! Il a tout cassé de rage ! Je ne sais pas où il est parti ! Madame ! S’il vous plait ! Laissez-moi vous aider !

Vanessa et Narcisse écoutaient bouche bée le récit. Vanessa s’effondra en larmes dans les bras de Narcisse. Ce dernier examinait le hall d’entrée.

– Le sang ? lui demanda-t-il.
– C’est celui de Ange, Monsieur. Il était blessé à la main ou au bras, une coupure profonde.

Narcisse s’avança et trempa un mouchoir en papier dans les taches de sang qui maculaient le sol. Puis, il s’adressa à la nounou :

– Allez me chercher la brosse à cheveux d’Angela et mettez-là dans un sac de congélation. Restez ici, on ne sait jamais …

Vanessa, encore sonnée, toujours hébétée, ne réagissait pas. Elle se laissa entrainer par Narcisse qui l’emmena en direction du club. Lorsqu’ils arrivèrent dans le hall, ils virent que tout était fracassé. Il ne restait plus rien de la décoration chic que Vanessa avait choisie. Les plantes, les tableaux, tout était éparpillé, maculé de sang.

Narcisse pénétra dans le bureau et constata que tout avait été mis à sac. Méticuleusement. Il ne restait rien. Ange s’était acharné à tout faire disparaitre. Vanessa, toujours sous le choc, ramassa un cadre en miette dont elle réussit à extirper la photo de sa fille. Elle la serra contre elle, étouffant un sanglot. Puis, son regard se durcit. Elle reprit contact avec la réalité en examinant ce qui restait de son domaine. Elle haussa les épaules et se tournant vers Narcisse, elle lui dit :

– J’en ai assez vu ! Il faut aller chercher Angela. Viens !

Et, elle le tira par le bras pour sortir du club.

Narcisse la dissuada de partir à l’aventure et la convainquit d’aller d’abord dans l’appartement. Alors qu’ils s’y dirigeaient, il aperçut des débris de verre dans l’allée. Il remarqua en levant les yeux que la fenêtre avait été cassée. Il sut que Ange y avait été retenu prisonnier comme il l’avait imaginé et qu’il s’en était échappé en se blessant.

En entrant, ils constatèrent que l’appartement avait été mis à sac, comme tous les endroits où il était passé. Il ne restait rien qu’il n’ait pas mis en miette. Seule, la table et le tabouret étaient restés intacts devant la petite fenêtre. C’était donc bien par cet endroit qu’il s’était enfui.

Vanessa ne parvenait pas à réagir, encore submergée par l’angoisse de perdre sa fille. Elle le laissa aller et venir, retourner les objets cassés, les meubles éventrés, jusqu’à ce qu’il s’adresse à elle.

– Je crois qu’il est temps que tu m’en dises un peu plus, tu ne crois pas ?

Elle le regarda sans paraître comprendre la question qui venait de lui être posée puis, elle se mit à parler d’une voix mécanique.

– Ange m’a fait beaucoup de mal, plus que tu peux imaginer. J’étais certaine que c’était lui le père d’Angela. J’ai voulu lui faire payer tout ce qu’il m’a fait subir. Je l’aurais tué si j’avais pu le faire. Seulement les Di Marco sont pires que lui ! Je n’ai rien pu faire, tu m’entends, rien … ils avaient la petite, le club, mes secrets … Je l’ai quand même eu ce salaud ! J’ai pensé à lui couper les couilles … c’est la seule idée que j’ai eue ! … à le châtrer, comme un taureau … et puis, non … c’était pas possible … alors, j’ai fait mieux que ça ! Je lui ai mis une cage de chasteté et je l’ai laissé des mois à poil dans l’appartement. Je le vidais de son sperme sans qu’il jouisse ! C’était devenu une larve … je crois que c’est ça qui m’excitait … Il faisait tout ce que je lui demandais, même avec sa famille. Les Di Marco ne pouvaient pas deviner ce qu’il était devenu et que c’était moi qui dirigeait tout ! Le salaud, il s’est enfui et il a pris ma fille ! Il va me le payer pour de bon cette fois-ci ! Je sais où il est allé … c’est en Corse qu’il emmène Angela … pour se protéger de moi ! Allez, qu’est-ce qu’on attend !

Vanessa s’était transformée. Elle avait maintenant le regard déterminé et l’allure volontaire et quelqu’un qui s’était fixé un but et que rien ne pourrait détourner.

Narcisse lui proposa de reprendre d’abord des forces en mangeant un morceau et de réfléchir posément à ce qu’il convenait d’entreprendre. Lui aussi, s’était métamorphosé. Ce n’était plus le petit boutiquier photographe, mais l’homme aguerri, rompu aux épreuves qui agissait avec détermination.

Pour Narcisse, la situation était simple. Ange avait trop d’avance pour espérer le ratt****r. Il ne servait donc à rien de se précipiter, d’autant qu’avec sa moto dont le réservoir était à moitié vide, ils n’iraient pas bien loin.

Elle se laissa convaincre d’attendre quelques jours. Elle apposa à l’entrée du club une affichette indiquant que le centre était fermé pour une durée indéterminée et rafla les 50 000 euros du coffre avant de refermer la porte sur son passé. Narcisse lui avait demandé deux ou trois jours. Il avait des choses urgentes à faire, en rapport avec l’enlèvement d’Angela, lui avait-il dit. Vanessa lui fit jurer de revenir et de ne rien faire sans elle.

Avec sa barbe de plusieurs jours, Narcisse ressemblait maintenant au baroudeur qu’il avait été. Il pouvait passer plusieurs heures dans une position inconfortable sans bouger, guettant le moindre mouvement. Vanessa n’avait pas son endurance même si la volonté qui l’animait lui permettait de se surpasser.

Elle fit le tour de leur campement sommaire qu’il avait aménagé à leur arrivée. De là où ils se trouvaient, ils pouvaient surveiller la vieille bâtisse, ses environs immédiats ainsi que la petite route à peine carrossable qui menait au domaine des Di Marco.

Elle fit le point sur leur situation et ne comprenait toujours pas l’attitude de Narcisse. Il avait obstinément refusé de se rendre dans la propriété des Di Marco à leur arrivée à Ajaccio. Ils avaient pris l’avion, déguisés en touristes, munis de faux-papiers. Une précaution sans doute inutile, lui avait dit Narcisse, mais il valait mieux agir dans l’ombre, surtout avec les Di Marco dont la puissance était sans limite sur l’île. Il était passé compléter leurs achats dans quelques boutiques. Ils avaient fait provision de nourriture, de téléphones portables, d’une carabine et de munitions. Vanessa n’avait fait aucune remarque, connaissant par avance la réaction de son compagnon.

Narcisse se retourna et lui fit signe de s’approcher. Elle s’allongea à ses côtés. De là où elle était, elle distingua qu’une tache claire et plusieurs taches sombres devant la maison.

Narcisse lui tendit la paire de jumelles, conservant pour lui la longue-vue qu’il préférait utiliser. Il murmura à ‘oreille de Vanessa :

– C’est elle, elle joue dans la cour ! Chuuut ! Aucun bruit, aucun mouvement ! D’accord ?

Vanessa acquiesça et se saisit des jumelles. Son cœur battait la chamade. Elle vit une petite fille vêtue d’une robe à fleur qui jouait dans la cour ombragée. Elle remarqua deux hommes armés d’un fusil postés à l’entrée de la propriété. Elle sursauta lorsqu’elle vit une ombre se retourner et elle eut dans son champ de vision Ange qui faisait quelques pas dans la cour en direction de la petite Angela.

Narcisse reposa sa longue-vue et dit comme pour lui-même :

– Maintenant qu’on sait qu’il est là, on va pouvoir passer à l’action !
– Tout de suite ? interrogea Vanessa
– Non, trop risqué ! J’ai reconnu le terrain la nuit pendant que tu dormais. On va être à découvert quelques dizaines de mètres. Non, ce n’est pas de cette façon dont j’envisage les choses ! Ce sera pour demain ! Il ne risque pas de bouger d’ici !
– Mais, reprit Vanessa, qu’est-ce que tu en sais ?
– Ce que j’en sais, c’est qu’il a mis cinq jours pour faire deux pas dans la cour, protégé par deux hommes en arme, et tu voudrais qu’il aille où ?
– Et Angela ? Ils pourraient très bien …
– Ils pourraient très bien quoi ? On l’a vue deux fois ! Il faut qu’elle reste avec celui qui croit être son père ! Et puis, une petite fille arrivée de nulle part, tu ne crois pas qu’il y aurait de quoi se poser des questions ? Même en Corse ! Non, crois-moi, on attend demain ! Tu es prête ?
– Oui, prête à tout, ça tu peux me croire !
– Ca tombe bien, c’est exactement ce que je vais te demander !

Vanessa avançait vers la petite cour ombragée le cœur serré, une boule au ventre. Elle portait un petit sac à dos en toile qui contenait des vêtements pour Angela, son doudou, quelques livres et trois enveloppes que lui avait remis Narcisse. Elle voulait paraître détendue, mais sa démarche était un peu hésitante.

Elle ne regrettait pas ce qu’elle faisait, malgré les risques encourus. Elle savait que c’était le seul moyen de reprendre Angela et d’en terminer définitivement avec les Di Marco.

Ainsi que Narcisse l’avait prévu, les hommes armés s’avancèrent dans sa direction. De là où il était, il ne pouvait pas capter leur conversation. Vanessa tentait de leur expliquer ce qu’elle voulait.

– Je suis Vanessa, la compagne de Ange. Je viens voir ma fille pour lui donner son doudou qu’elle a oublié en partant et des vêtements de rechange. Laissez-moi passer ! Je suis attendue !

Les deux cerbères se contentèrent de l’écouter et lorsqu’elle eut terminé, ils la repoussèrent fermement en direction de la sortie.

– Madame, qui que vous soyez, nous avons des ordres. Monsieur Dominique n’apprécierait pas de vous voir.

Vanessa se laissa entrainer sur quelques mètres avant de réagir. Elle haussa le ton et se mit à crier :

– Qui est ce Dominique ? Où est ce vieil abruti ? Qu’il aille se faire enculer par son père et par sa mère ! Et Ange ? Et ma fille ? Laissez-moi passer !

Les deux hommes continuèrent leur manœuvre, dirigeant, sans plus un mot, Vanessa vers la sortie. Il ne lui restait plus qu’une solution pour faire venir Ange ou le vieux.

Elle se débattit et les deux gardes surpris la lâchèrent une fraction de seconde, juste assez pour qu’elle se mette à courir en hurlant vers la porte d’entrée de la vieille bâtisse. Elle se souvint du conseil de Narcisse de ne pas entrer sous quelque prétexte que ce soit dans la maison et de rester toujours visible. Elle ralentit sa course, pour se faire reprendre par les deux sbires.

Elle continua à hurler :

– Vieux salaud, rends-moi ma fille ! Tu m’entends, t’es qu’une raclure de sale Corse ! Dominique ! Ange ! Vous êtes des lâches ! Vous crevez de trouille devant une femme ! Bande de lopettes !

Elle connaissait les risques insensés qu’elle prenait à provoquer le vieux Di Marco chez lui. Pensant qu’il ne viendrait pas, elle ajouta :

– Et si je sors de là sans ma fille, je balance tout aux flics ! T’as bien compris, vieille merde !

Elle entendit un volet s’ouvrir au premier étage. Un vieil homme à la moustache tombante apparut à la fenêtre entrebâillée. Il portait un costume de velours noir, une chemise d’une blancheur immaculée et un chapeau de berger à large bord. Il fit un signe à ses gardes et referma les volets sans prononcer un mot.

Vanessa qui s’était calmée, reprit ses vociférations. L’un des gardes lui tapa sur l’épaule et lui indiqua d’un geste que le patron allait venir. Elle le vit bientôt apparaître sur le pas de la porte. Il avait l’air d’un seigneur. Malgré son âge, il avait conservé sa prestance et son regard froid se fixa sur elle pour ne plus la quitter. Il fit quelques pas dans sa direction, la démarche hésitante, soutenu par sa canne de berger, un lourd bâton de châtaignier.

C’était la première fois que Vanessa le voyait. Ainsi, c’était ce vieillard apparemment inoffensif qui se livrait à toute sorte de trafics. Il ressemblait à ce qu’il aurait dû toujours être, un simple berger, un berger corse.

Sur un petit coup de menton du patriarche, les gardes s’éloignèrent, le fusil à la main. Il avança de quelques pas en la toisant puis, sur son visage ridé, apparut un petit rictus de mépris. Enfin, il ouvrit la bouche et d’un ton fatigué et hautain, il s’adressa à celle qui l’importunait :

– Qui es-tu pour venir m’emmerder et me dire des mauvaises choses dans ma maison ? Ta fille, tu veux ta fille ? Mais de quel droit ? C’est une Di Marco, non ? C’est bien le nom que tu lui as donné et qu’elle porte ? Alors, tu dégages d’ici, tu es chez moi ! Tu m’entends, chez moi ! Ti salutu cù u fiascu è l’imbutu ! Maintenant, fous-moi le camp, salope, ou je te crève !

Le vieux leva sa canne, l’air menaçant, fit demi-tour sans attendre la réaction de Vanessa et repartit, à pas lents, en direction de sa maison. Vanessa comprit qu’elle devait réagir, malgré la menace, pour obliger le vieux à rebrousser chemin si elle voulait avoir une chance de retrouver Angela…

LA SUITE SELON VOS COMMENTAIRES…

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